2 décembre 2006

Ode à la mandoche

Cette année, novembre a lamentablement échoué dans son identité sinistre: ni averses plombantes qui s'éternisent, ni stratus matinal persistant. Et surtout, cet air doux, écœurant, qui s'est invité sans qu'on lui ait rien demandé: il nous a sabordé toute chance de gelées et a refusé à mon biorythme son comptant de lugubre. Heureusement, comme le réchauffement climatique n'influence pas la marche vers le solstice d'hiver, ça fait trois semaines que nous petit-déjeunons dans le noir, malgré le cerisier en fleurs, ouf!

Il est une autre incontournable qui n'a pas failli au rancart de novembre: la mandarine! Merveilleuse, rebondie, avec son inimitable acidité de début de saison qui vous met tous les récepteurs en folie, Sa Majesté la mandoche qu'on pèle et qu'on gloutonne à longueur de journée, dont le zeste laisse une couche cireuse et amère sur les doigts! Exquise clémentine qui sait vous faire imaginer la neige et qui ne demande qu'à former de savoureux et astringents traits d'union entre les moments-clé d'un long grignotage 100% météo moche: salsiz, Chocmel, panettone et chips paprika.

Mais ce qui fait surtout l'intensité du bonheur mandarinique, c'est qu'il est de courte durée. A Noël au plus tard, les clémentines auront oublié leurs ascendants citronnés pour se faire farineuses et sucrines - façon mois de novembre raté. Qu'à cela ne tienne, on pourra quand même compter sur nos mandoches aux pires moments de l'hystérie natale: par exemple quand on n'a plus que le catalogue Playmobil à lire et des Bruns de Bâle à manger.