18 avril 2009

Barbie pascale

Chantal a souvent gardé Tessa ces derniers temps et au début, Cora trouvait que c’était une excellente chose pour empêcher sa fille de filer du mauvais coton: Tessa est en effet de plus en plus rose&Barbie addict et Cora trouve cette évolution atroce. Rien de tel, s’est-elle donc dit, que de l’envoyer rouler un bon coup dans la gadoue avec Louis et Hugo, «ces petites brutes crasseuses qui passent leur temps à se flanquer sur le citron» – Cora n’a évidemment pas formulé les choses comme ça devant Chantal.

Au début, tout se passait merveilleusement: chaque fois qu’elle allait la récupérer, Tessa semblait avoir oublié toute inclination coquette et ses compétences de boxeuse étaient en nette progression. Seule ombre au tableau, Tessa s’est mise à parler comme Chantal: «Maman, c’est des MSC, nos sticks de poisson?» ou «Des fraises! Mais ça va pas! Les camions qui puent, ils ont fait puer tout le paysage pour les amener ici et c’est des pauvres monsieur africains qu’on a forcé à les planter sous des tentes en plastique dans de la terre qui est pas de la vraie terre!» Cora a d’abord pensé que ça allait lui passer. Mais Tessa a définitivement viré fliquette du panier de la ménagère, allant jusqu’à refuser de colorier les œufs de Pâques à l’école sous prétexte qu’ils n’étaient pas bio.

Heureusement, dimanche dernier, le Lapin de Pâques a remis les pendules à l’heure dans le jardin de Cora et Sam: en y cachant pour Tessa une somptueuse Barbie en robe de soirée rose à paillettes – et en glissant le bon d’échange dans le portefeuille de Sam, au cas où Tessa préférerait la tenue Sissi.

4 avril 2009

Ich bin ein Berliner...

Depuis plusieurs semaines, Marc était en proie à une nostalgie berlinoise à peine soutenable. Alors quand sa belle-mère a proposé d’emmener Leo à Euro Disney, Marc a aussitôt clamé: «Quelle excellente idée!». Puis il s’est rué sur son ordi afin de commander deux billets pour Berlin et de skyper Gerd, son ancien coloc végétalien de Kreuzberg, lequel leur a proposé illico une chambre dans la WG pour le week-end. Aucun doute: Berlin l’attendait! En atterrissant à Tegel, Marc a d’ailleurs senti monter en lui quelque chose comme une prise de conscience: Ich bin ein Berliner… C’était si profondément euphorisant que dès son arrivée à Kreuzberg, Marc s’est enfermé avec Julie dans la piaule de la WG et lui a arraché ses vêtements avec une ardeur remarquable.

Ils étaient déjà bien lancés quand tout à coup, quelque chose a fait boum au plafond. Ça leur a un peu coupé la chique, mais ils n’ont pas tardé à reprendre avec enthousiasme là où ils en étaient restés. Re-boum. Marc: «On s’en fout…» Julie: «Ouais…» Bruits intimes. Boum-boum. Marc n’en revenait pas: c’était tellement anti-Berlin cette manière de faire comprendre aux gens qu’ils dérangeaient. Ils devaient résister, brandir leur bulle érotique comme un statement. Mais quatre tentatives de reconstituer ladite bulle et sept boum plus tard, Julie et Marc ont fini par se rhabiller.

Le soir, ils ont pris l’apéro sur le toit de l’immeuble et Marc a demandé à Gerd qui étaient les voisins du dessus. «Un couple hypertolérant, avec un humour hyperberlinois», a répondu Gerd. Marc n’y comprenait plus rien. Est-ce que Berlin était toujours Berlin? Finalement, lesdits voisins, Dieter et Ursula, les ont rejoints sur le toit. Quelques bières plus tard, Dieter soufflait à Marc: «Au fait, pourquoi vous vous êtes arrêtés, ta femme et toi? Vous aviez pas compris qu’on plaisantait?»