Marion a eu huit ans. Et réclamé à ses parents une «très grande fête d'anniversaire». Inutile de préciser qu'Isabel et Juan n'étaient pas chauds. D'avance ils voyaient le plan: Marion allait inviter une vingtaine de gosses, que leurs parents s'empresseraient de venir déposer chez eux pour se casser vite fait, trop contents d'une pareille aubaine.Ils ont pourtant fini par dire oui à Marion après avoir pris deux décisions majeures: limiter drastiquement le nombre d'invités et, surtout, mettre le paquet pour ne pas laisser «ces parents irresponsables» s'en tirer comme ça. Ils ont donc interminablement retenus les «géniteurs de seconde zone» sur le pas de leur porte en roucolant: «Vous ne voulez pas rester? Allons! Même pas pour le café? Ah, et nous qui comptions tant sur vous! Non? Vous êtes certain?»
Après avoir supplicié les parents, Isabel et Juan ont coiffé les enfants de chapeau turlututu, puis amené le gâteau. Marion a vaillamment soufflé ses bougies, puis elle a clamé à la cantonade avant de se rasseoir: «Et le premier qui dit que le gâteau est pas bon ou qui fait beurk, il va manger sur le balcon!!!»
Isabel et Juan ont cru mourir de honte. Et trouvé «horrible» d'entendre leurs propres mots sortir de la bouche de leur enfant: «C'était tellement... hors contexte éducatif! a gémi Isabel. C'était si odieux, si arbitraire, si... tyrannique!» «Mais heureusement, tous les parents s'étaient débinés, a fait Juan avec soulagement. Eux, c'est sûr, on n'aurait jamais réussi à les amnésier avec les fraises Tagada!»