16 décembre 2006

Héros et cacahuètes

Lumi et moi, on s'est retrouvé la semaine dernière autour d'une bière pour un échange de prisonniers: le chapeau Robin des Bois que le cadet avait oublié chez elle contre les 8 DVD que je lui avais empruntés il y a euhh... six mois - en lui promettant de les lui rendre «dans deux semaines maxi». Etant donné mon degré record de télé-addiction, ce retard tient du phénomène inexpliqué.

La première hypothèse pétrie d'autoapitoiement qui m'est venue à l'esprit, ce sont les épuisants impondérables de la vie de famille. Genre: «Quand t'as des enfants, t'es tellement sur les rotules, que t'as même plus le temps ni la force de regarder la télé.» Tu parles! m'a rétorqué mon quotidien. A raison: je passe mes soirées scotchée au poste.

C'est au moment où Lumi et moi tendions nos bols apéritifs vers le serveur pour qu'il les remplisse de cacahuètes, que le véritable motif m'a foudroyée: ce qui m'a empêché de regarder les 8 films de Lumi, c'est précisément le fait que ce sont... des films. Qui par nature bouclent l'affaire en deux heures chrono et dont les personnages ne deviendront jamais mes compagnons parce qu'ils se débinent définitivement à la fin. Cette trahison, mon inconscient s'en accommode de moins en moins depuis qu'il a fait la connaissance de Jack Bauer, de Bree et de tous ces autres exquis série-héros, qui eux, ne sont pas comme ça: qui l'aiment ample, itérative, complexe et qui ne demandent qu'à revenir pour mieux me hanter.

Histoire de faire, dans le paradigme toxico-délice, encore plus fort que la cacahuète.