Depuis début décembre, mes enfants écoutent en boucle le CD «Michka». Un poignant conte de Noël auquel je m'abreuvais déjà sur 45 tours quand j'étais petite. Ça m'a d'ailleurs presque broyé le cœur d'entendre à nouveau (après 31 ans de silence) la voix du conteur clamer solennellement: «Michka s'en allait dans la neige en tapant des talons.»
Michka, c'est un ours en peluche qui se fait la malle, parce qu'il ne veut «plus jamais être un jouet». Il finit par rencontrer le renne de Noël et l'aide à distribuer les cadeaux. Au bout d'une grisante tournée pleine d'étoiles et de grelots, le renne et Michka arrivent à la «cabane misérable» d'«un petit garçon malade». Et là, «ô renne!», Michka se rend compte que le sac est vide. Alors notre ours prend vaillamment sur lui, va s'asseoir dans une des bottes devant l'âtre. Et redevient jouet. C'est sa bonne action de Noël. Et mes enfants d'appuyer sur replay pour bien prendre la mesure de ce déchirant sacrifice.
«Le petit garçon malade, c'est moi», m'explique l'aîné. «Mais tu n'es pas malade.» «Non, mais j'habite aussi dans une cabane misérable. (L'aîné lève des yeux apitoyés sur nos quatre murs) Alors Michka va venir dans ma botte. (L'aîné chuchote en désignant le cadet) Mais faut pas lui dire. Il croit que c'est lui, le petit garçon malade! (L'aîné plisse les yeux d'un air compréhensif) Passk'il est encore petit. (L'aîné plisse les yeux davantage) S'il est triste, je lui donnerai Michka. (Qui a dit que l'esprit de Noël, c'était de la foutaise?) Mais bon, juste pour une heure.»
23 décembre 2006
16 décembre 2006
Héros et cacahuètes
Lumi et moi, on s'est retrouvé la semaine dernière autour d'une bière pour un échange de prisonniers: le chapeau Robin des Bois que le cadet avait oublié chez elle contre les 8 DVD que je lui avais empruntés il y a euhh... six mois - en lui promettant de les lui rendre «dans deux semaines maxi». Etant donné mon degré record de télé-addiction, ce retard tient du phénomène inexpliqué.
La première hypothèse pétrie d'autoapitoiement qui m'est venue à l'esprit, ce sont les épuisants impondérables de la vie de famille. Genre: «Quand t'as des enfants, t'es tellement sur les rotules, que t'as même plus le temps ni la force de regarder la télé.» Tu parles! m'a rétorqué mon quotidien. A raison: je passe mes soirées scotchée au poste.
C'est au moment où Lumi et moi tendions nos bols apéritifs vers le serveur pour qu'il les remplisse de cacahuètes, que le véritable motif m'a foudroyée: ce qui m'a empêché de regarder les 8 films de Lumi, c'est précisément le fait que ce sont... des films. Qui par nature bouclent l'affaire en deux heures chrono et dont les personnages ne deviendront jamais mes compagnons parce qu'ils se débinent définitivement à la fin. Cette trahison, mon inconscient s'en accommode de moins en moins depuis qu'il a fait la connaissance de Jack Bauer, de Bree et de tous ces autres exquis série-héros, qui eux, ne sont pas comme ça: qui l'aiment ample, itérative, complexe et qui ne demandent qu'à revenir pour mieux me hanter.
Histoire de faire, dans le paradigme toxico-délice, encore plus fort que la cacahuète.
La première hypothèse pétrie d'autoapitoiement qui m'est venue à l'esprit, ce sont les épuisants impondérables de la vie de famille. Genre: «Quand t'as des enfants, t'es tellement sur les rotules, que t'as même plus le temps ni la force de regarder la télé.» Tu parles! m'a rétorqué mon quotidien. A raison: je passe mes soirées scotchée au poste.
C'est au moment où Lumi et moi tendions nos bols apéritifs vers le serveur pour qu'il les remplisse de cacahuètes, que le véritable motif m'a foudroyée: ce qui m'a empêché de regarder les 8 films de Lumi, c'est précisément le fait que ce sont... des films. Qui par nature bouclent l'affaire en deux heures chrono et dont les personnages ne deviendront jamais mes compagnons parce qu'ils se débinent définitivement à la fin. Cette trahison, mon inconscient s'en accommode de moins en moins depuis qu'il a fait la connaissance de Jack Bauer, de Bree et de tous ces autres exquis série-héros, qui eux, ne sont pas comme ça: qui l'aiment ample, itérative, complexe et qui ne demandent qu'à revenir pour mieux me hanter.
Histoire de faire, dans le paradigme toxico-délice, encore plus fort que la cacahuète.
9 décembre 2006
La magie de l'Avent
Sam et Cora avaient décidé cette année d'initier Tessa et ses 2 ans à la magie de l'Avent. Avec calendrier, couronne, rites archétypaux de la Saint-Nicolas (inventés par eux mais très crédibles dans leur rôle archétypal), biscuits maison, etc. Un programme pétri de frénésie pré-deuxième enfant. Sam et Cora savent en effet, pour avoir observé leurs amis-qui-en-ont-déjà-deux, que dès l'année prochaine, toute velléité de transmettre ces «rites essentiels et fondateurs qui vont au-delà du consumérisme» sera automatiquement frappée du verdict «irréalisable et foutu d'avance».
Mais neuf jours après le lancement de cette effervescence adventique, leur élan bat déjà de l'aile. Motif: Tessa les lessive chaque jour un peu plus, notamment en se réveillant tous les matins à 4 heures pour découvrir ce qui se cache dans la pochette du calendrier (une chose en feutrine difficile à identifier au premier coup d'œil, mais cousue par Cora qui jure avoir suivi à la lettre des indications téléchargées sur le net). Tessa a également passé toute la nuit du 6 au 7 décembre à hurler dans son sommeil, rêvant manifestement qu'elle se faisait manger par le Saint Nicolas aperçu l'après-midi même dans la forêt, lors du fameux «rite archétypal» organisé par ses parents.
Hier, Cora et Sam ont donc décidé de mettre fin à la magie de l'Avent en faisant disparaître la couronne et le calendrier. Et ont offert à Tessa, «en avance pour Noël» (et surtout pour la sauver du désespoir), la ferme aux animaux Duplo. Sans bergers, ni bœuf, ni âne gris.
Mais neuf jours après le lancement de cette effervescence adventique, leur élan bat déjà de l'aile. Motif: Tessa les lessive chaque jour un peu plus, notamment en se réveillant tous les matins à 4 heures pour découvrir ce qui se cache dans la pochette du calendrier (une chose en feutrine difficile à identifier au premier coup d'œil, mais cousue par Cora qui jure avoir suivi à la lettre des indications téléchargées sur le net). Tessa a également passé toute la nuit du 6 au 7 décembre à hurler dans son sommeil, rêvant manifestement qu'elle se faisait manger par le Saint Nicolas aperçu l'après-midi même dans la forêt, lors du fameux «rite archétypal» organisé par ses parents.
Hier, Cora et Sam ont donc décidé de mettre fin à la magie de l'Avent en faisant disparaître la couronne et le calendrier. Et ont offert à Tessa, «en avance pour Noël» (et surtout pour la sauver du désespoir), la ferme aux animaux Duplo. Sans bergers, ni bœuf, ni âne gris.
2 décembre 2006
Ode à la mandoche
Cette année, novembre a lamentablement échoué dans son identité sinistre: ni averses plombantes qui s'éternisent, ni stratus matinal persistant. Et surtout, cet air doux, écœurant, qui s'est invité sans qu'on lui ait rien demandé: il nous a sabordé toute chance de gelées et a refusé à mon biorythme son comptant de lugubre. Heureusement, comme le réchauffement climatique n'influence pas la marche vers le solstice d'hiver, ça fait trois semaines que nous petit-déjeunons dans le noir, malgré le cerisier en fleurs, ouf!
Il est une autre incontournable qui n'a pas failli au rancart de novembre: la mandarine! Merveilleuse, rebondie, avec son inimitable acidité de début de saison qui vous met tous les récepteurs en folie, Sa Majesté la mandoche qu'on pèle et qu'on gloutonne à longueur de journée, dont le zeste laisse une couche cireuse et amère sur les doigts! Exquise clémentine qui sait vous faire imaginer la neige et qui ne demande qu'à former de savoureux et astringents traits d'union entre les moments-clé d'un long grignotage 100% météo moche: salsiz, Chocmel, panettone et chips paprika.
Mais ce qui fait surtout l'intensité du bonheur mandarinique, c'est qu'il est de courte durée. A Noël au plus tard, les clémentines auront oublié leurs ascendants citronnés pour se faire farineuses et sucrines - façon mois de novembre raté. Qu'à cela ne tienne, on pourra quand même compter sur nos mandoches aux pires moments de l'hystérie natale: par exemple quand on n'a plus que le catalogue Playmobil à lire et des Bruns de Bâle à manger.
Il est une autre incontournable qui n'a pas failli au rancart de novembre: la mandarine! Merveilleuse, rebondie, avec son inimitable acidité de début de saison qui vous met tous les récepteurs en folie, Sa Majesté la mandoche qu'on pèle et qu'on gloutonne à longueur de journée, dont le zeste laisse une couche cireuse et amère sur les doigts! Exquise clémentine qui sait vous faire imaginer la neige et qui ne demande qu'à former de savoureux et astringents traits d'union entre les moments-clé d'un long grignotage 100% météo moche: salsiz, Chocmel, panettone et chips paprika.
Mais ce qui fait surtout l'intensité du bonheur mandarinique, c'est qu'il est de courte durée. A Noël au plus tard, les clémentines auront oublié leurs ascendants citronnés pour se faire farineuses et sucrines - façon mois de novembre raté. Qu'à cela ne tienne, on pourra quand même compter sur nos mandoches aux pires moments de l'hystérie natale: par exemple quand on n'a plus que le catalogue Playmobil à lire et des Bruns de Bâle à manger.
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