Mes enfants ont commencé le foot et remis aux calendes grecques l’éventuelle pratique d’un instrument de musique. Cette situation est le résultat d’un chef d’œuvre de manipulation. Extraits: «Tu sais, ce qu’il y a de bien avec le foot, maman, c’est qu’on est dehors. Ceux qui jouent d’un instrument, ils sont toujours enfermés.» «Et puis tu vois, si en plus on fait la musique, ça va faire trop, ça va nous stresser, comme ces enfants que les parents bourrent avec des tas d’activités et que toi tu dis que ces parents, ils sont cinglés.» «Moi, je veux faire de la musique, mais je veux jouer de la guitare électrique et y’a pas de guitare électrique pour les enfants. Alors je pourrai commencer seulement quand je serai grand.»
Bon, donc une fois le foot adopté et les carrières de violoncellistes envolées, il a fallu s’occuper des tenues. L’aîné et le cadet voulaient absolument revêtir les maillots polyester couverts de sponsors et les baskets dorées que leur a achetés ma belle-mère. Mais j’ai aussitôt mis le holà en leur assurant qu’à l’entraînement, <em>personne</em> n’était habillé comme ça. Le jour venu, mes enfants étaient les seuls sur le terrain à ne pas porter de tenues polyester – même les trois filles alibi en avaient avec dans le dos le nom d’un dieu shooteur en majuscules (une Frei, une Torres, une Hakin). Heureusement, les baskets dorées qu’ils avaient enfilées à mon insu leur ont sauvé la mise (Ronaldinho et Torres numéro 2 avaient les mêmes).
Bref, ma selfconfidence parentale est au plus bas et ça doit se voir. L’aîné m’a annoncé que la prochaine fois chez la coiffeuse, c’est lui qui donnerait les instructions. «Je lui dirai que je veux court devant et sur les oreilles, mais long derrière, avec des mèches.» J’ai dix jours pour déjouer ses plans tifs à la sauce Opel Manta.
21 mars 2009
7 mars 2009
En toute honnêteté
Tout le monde a beau le considérer comme un salaud, Paolo, lui, s'est toujours vu comme un mec réglo. Ça ne veut pas dire, bien sûr, qu’il n’ait jamais fait de coup bas. Mais il les a toujours perpétrés en toute honnêteté.
Par exemple il n'a jamais caché à Anke qu'il la plaquait parce qu’il avait envie de se taper d’autres nanas. C’était vache, d’accord, mais c’était réglo parce que c’était honnête. Autre exemple plus récent, son coup de maître professionnel: l’éviction de Jim le Néo-Zélandais du poste de directeur de l’institut. Paolo avait toujours dit à Jim qu’il voulait le poste. Pas hargneusement, bien sûr, mais en riant et en lui tapant sur l’épaule autour de quelques bières. C’était peut-être tordu, mais il n’avait rien dissimulé. Ça n’avait pas empêché Jim de faire celui qui tombait des nues quand il avait appris qu'au dernier congrès, Paolo avait séduit Hillary, l'experte américaine, ET June, la fiancée de Jim. Okay, sa stratégie de déstabilisation était discutable, Paolo l’admettait volontiers. Mais c’était réglo parce qu'il avait agi en toute honnêteté.
«Ça tient pas, ce que tu dis, affirme Sam en vidant sa chope. Tu cherches une excuse pseudo-noble pour te dire que t’es pas un salaud. Alors que t’es un salaud.» «Moi je trouve que ça tient parfaitement», estime Sean. «Forcément, t’es Amércian et t’es un requin, rétorque Sam. Ton avis ne compte pas.» Mais Sean persiste: «En fait, je dirais même que t’es maladivement honnête. Il t’est déjà arrivé de resquiller?» Paolo réfléchit avant de lâcher: «Non, en fait jamais.» «J’en étais sûr!, exulte Sean. Et tu veux que je te dise pourquoi? Parce que ça te fait moins mal de payer ton ticket que d’être incapable de raconter un bobard au contrôleur.» «T’as raison, dit Paolo, stupéfait. C’est exactement ça. Comment t’as fait pour savoir?» «C’est l’avantage d’être Américain, fait Sean. On a chacun son analyste.»
Par exemple il n'a jamais caché à Anke qu'il la plaquait parce qu’il avait envie de se taper d’autres nanas. C’était vache, d’accord, mais c’était réglo parce que c’était honnête. Autre exemple plus récent, son coup de maître professionnel: l’éviction de Jim le Néo-Zélandais du poste de directeur de l’institut. Paolo avait toujours dit à Jim qu’il voulait le poste. Pas hargneusement, bien sûr, mais en riant et en lui tapant sur l’épaule autour de quelques bières. C’était peut-être tordu, mais il n’avait rien dissimulé. Ça n’avait pas empêché Jim de faire celui qui tombait des nues quand il avait appris qu'au dernier congrès, Paolo avait séduit Hillary, l'experte américaine, ET June, la fiancée de Jim. Okay, sa stratégie de déstabilisation était discutable, Paolo l’admettait volontiers. Mais c’était réglo parce qu'il avait agi en toute honnêteté.
«Ça tient pas, ce que tu dis, affirme Sam en vidant sa chope. Tu cherches une excuse pseudo-noble pour te dire que t’es pas un salaud. Alors que t’es un salaud.» «Moi je trouve que ça tient parfaitement», estime Sean. «Forcément, t’es Amércian et t’es un requin, rétorque Sam. Ton avis ne compte pas.» Mais Sean persiste: «En fait, je dirais même que t’es maladivement honnête. Il t’est déjà arrivé de resquiller?» Paolo réfléchit avant de lâcher: «Non, en fait jamais.» «J’en étais sûr!, exulte Sean. Et tu veux que je te dise pourquoi? Parce que ça te fait moins mal de payer ton ticket que d’être incapable de raconter un bobard au contrôleur.» «T’as raison, dit Paolo, stupéfait. C’est exactement ça. Comment t’as fait pour savoir?» «C’est l’avantage d’être Américain, fait Sean. On a chacun son analyste.»
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