Depuis début décembre, mes enfants écoutent en boucle le CD «Michka». Un poignant conte de Noël auquel je m'abreuvais déjà sur 45 tours quand j'étais petite. Ça m'a d'ailleurs presque broyé le cœur d'entendre à nouveau (après 31 ans de silence) la voix du conteur clamer solennellement: «Michka s'en allait dans la neige en tapant des talons.»
Michka, c'est un ours en peluche qui se fait la malle, parce qu'il ne veut «plus jamais être un jouet». Il finit par rencontrer le renne de Noël et l'aide à distribuer les cadeaux. Au bout d'une grisante tournée pleine d'étoiles et de grelots, le renne et Michka arrivent à la «cabane misérable» d'«un petit garçon malade». Et là, «ô renne!», Michka se rend compte que le sac est vide. Alors notre ours prend vaillamment sur lui, va s'asseoir dans une des bottes devant l'âtre. Et redevient jouet. C'est sa bonne action de Noël. Et mes enfants d'appuyer sur replay pour bien prendre la mesure de ce déchirant sacrifice.
«Le petit garçon malade, c'est moi», m'explique l'aîné. «Mais tu n'es pas malade.» «Non, mais j'habite aussi dans une cabane misérable. (L'aîné lève des yeux apitoyés sur nos quatre murs) Alors Michka va venir dans ma botte. (L'aîné chuchote en désignant le cadet) Mais faut pas lui dire. Il croit que c'est lui, le petit garçon malade! (L'aîné plisse les yeux d'un air compréhensif) Passk'il est encore petit. (L'aîné plisse les yeux davantage) S'il est triste, je lui donnerai Michka. (Qui a dit que l'esprit de Noël, c'était de la foutaise?) Mais bon, juste pour une heure.»