30 juin 2007

Cybertrouble à caractère prénominal

C’est ce qui s’appelle un coup de foudre. Il a suffit que Juan pose ses yeux dessus pour se sentir ému. Pas de doute, c’est le numéro 5. Delphine. Des proportions parfaites, un grain qui doit être fabuleux au toucher, il le sent déjà sur sa peau. Il le sent même vachement bien, rien qu’en regardant l’écran. Incroyable. Il semble fait pour lui, ce grain… Juan frissonne en imaginant le contact. D’abord sur ses cuisses, puis contre son aine, avant d’envelopper souplement ses reins… Oh… Juan se cramponne un peu plus fort à sa souris. C’est fantastique de faire ça par Internet. Jamais il aurait cru que la sensation pouvait être si… concrète. Delphine, il faut qu’il booke. En abonnement. Sans la moindre hésitation.

Juan aspire une grosse goulée d’air et poursuit son exploration. Deux clics plus loin, il tombe sur Babette, numéro 2. Des lignes idéales, là aussi. Surtout cet arrondi, juste en dessus des clavicules: splendide… La caresse que ça fera sur son torse quand Babette glissera sur lui… Juan a la respiration qui s’accélère. Il voit déjà le tableau: lui, dévêtu, avec juste Babette en-haut et Delphine en-bas... Babette aussi, en abonnement mensuel. Direct.

Okay. Taper le mot de passe – Juan en a imaginé un limite lubrique qui colle au caractère hyperintime du deal…. Départ. Juan se renverse en arrière et ferme les yeux. Ça y est. Il a franchi le pas. Il a osé.

Il vient de passer commande d’un abonnement mensuel de trois slips-boxers «Delphine» et de trois maillots de corps «Babette» sur blacksocks.com.

23 juin 2007

Babyphone à l’envers

Tous les couples font ça quand ils quittent une soirée et regagnent leurs pénates: ils commentent 1) la bouffe (franchement, le tartare, je m’attendais à mieux, pas toi?), 2) les hôtes (ils avaient l’air vachement à cran, t’as remarqué aussi?) et 3) la déco (il est bizarre, leur fauteuil, hein?). La vocation de ces échanges étant strictement privée, évidemment. Chantal et Patrick n’échappent pas à la règle. Mais en champions de la pédagogie positive, ils ont pour principe de s’abstenir en présence des enfants.

L’autre soir, comme ils étaient invités chez des voisins de quartier, Chantal et Patrick ont décidé de tester leur nouveau babyphone (800 mètres de portée): si les jumeaux devaient se réveiller, ils pourraient rappliquer en moins de deux.

Le truc, c’est que Chantal et Patrick n’avait pas eu le temps de lire le mode d’emploi. Et c’est seulement sur le chemin du retour, alors qu’ils étaient en train de commenter le dessert et la terasse des voisins, qu’ils se sont rendu compte de leur bévue: ils avaient inversé les bidules, emporté l’émetteur avec eux et laissé le récepteur dans la chambre des garçons. Heureusement, Hugo et Louis les attendaient sagement allongés dans leur plumard, les yeux clos. Ouf! Ils avaient visiblement dormi à poings fermés.<br/><br/>Le lendemain, Chantal a croisé la voisine. Elle voulait la «remercier encore», mais Hugo a été plus rapide: «Ma maman, elle trouve que c’est moche, les meubles en plastique sur la terrasse», a-t-il expliqué. «Et mon papa, il a roté à cause du gâteau», a ajouté Louis.

16 juin 2007

Cora et Sam font leurs premiers pas dans leur condition de parents-qui-en-ont-deux et ça se passe pas mal du tout. Comme sa sœur à son âge, Victor est du genre bébé modèle. Quant à Tessa, elle est fan de «Vitor» et pleure régulièrement toutes les larmes de son corps parce qu’elle n’a pas le droit de le «prendre comme doudou pour dormir».

Ça n’empêche pas Cora de vivre des journées plutôt harassantes: en dépit de son charme ravageur, Sam n’a en effet réussi à extrorquer qu’une semaine de congé paternité à son chef, lequel est aujourd’hui l’être que Cora hait le plus au monde.

Elle a donc été extrêmement soulagée de voir sa belle-mère se pointer l’autre jour et lui dire: «Va faire un tour. Je m’occupe de tout.» Eperdument reconnaissante, Cora a regretté toutes les fois où elle l’avait intérieurement traitée d’emmerdeuse et s’est fait la malle, en se sentant délicieusement légère sans poussette ni porte-bébé.

En ville, elle est tombée sur sa cousine Marianne: 22 ans, dreadlockée, piercée au nez, altermondialiste et fan d’Hugo Chavez, qui trouve les enfants «chiants, mais faut pas le prendre contre toi». Comme elle vit avec ses écouteurs iPod vissés dans les oreilles, Marianne a par ailleurs tendance à parler extrêmement fort. «Ça alors! Cora! a-t-elle braillé. On m’avait dit que t’étais enceinte! Mais je savais pas que c’était des jumeaux!» Cora l’a regardée sans comprendre: «Non, non, tu…» «T’es superbe, sans dec! Et ce bidon! Putain, quelle masse! On voit que c’est pour bientôt! Tu flippes à l’idée d’accoucher, hein?»

9 juin 2007

Se montrer charitable

Il y a quelques jours, Lumi a ressenti l’impérieux besoin de changer d’air. «On pourrait filer deux semaines en Finlande, tous ensemble, avec Essi et les enfants, a-t-elle expliqué à Sean. On irait trouver ma mère à Helsinki. Et puis on louerait une bagnole et on se tirerait dans les forêts, par exemple dans la maison de Veera. Tu sais, avec ce merveilleux petit lac où t’avais adoré pêcher…»

A la perspective de devoir se saouler prochainement en compagnie de sa belle-mère dans un sauna, Sean s’est senti défaillir. Et l’évocation dudit petit lac a fait remonter en lui le souvenir de ces longues heures pénibles qu’il avait été obligé de passer à bord d’un canot avec le mari de Veera qui ne parlait que le suomi et refusait de le ramener à terre.

Sean a donc précipitamment levé les bras et secoué la tête d’un air exagérément désolé: «Sorry, honey, impossible… j’aurais adoré, mais j’ai le week-end avec Gloor… En plus Essi a l’air rétamé… Et puis, on est tellement bien, ici, avec les enfants…» Lumi l’a écouté attentivement, avant de concéder: «T’as raison, le plan Finlande, c’est pas une bonne idée.» Et elle est allée de ce pas dire à Essi la nounou de prendre une semaine de congé bien méritée.

Puis une fois Sean au boulot, Lumi s’est booké via Internet un last minute wellness à Marrakech, dans un hôtel interdit aux enfants. Avant d’appeler Gloor pour annuler le week-end: «Sean tenait tellement à passer ces quelques jours seuls avec les enfants à la maison, lui a-t-elle expliqué. Je n’ai pas eu le cœur de lui dire non.» 

2 juin 2007

Kimber contre slim&kolandjim

Récemment, Kimber de «Nip/Tuck» a fait quelque chose pour l’humanité. Elle était tout habillée pour une fois, et c’est par son vêtement que le miracle est arrivé. Notre ex-star du porno portait en effet à cet instant un somptueux pantalon sombre au tombé ample et majestueux. Un froc incroyable, idéal, un froc… taille haute! Jusque sous les côtes!

Cette vision, ç’a été délivrance indescriptible. Après toutes ces années de sévices taille basse, de bourrelets explosants, de bides à l’air et de micro-braguettes, Kimber semblait vouloir nous susurrer: «Le cauchemar est terminé. Fini le derche descendu, fini les jambons raccourcis, fini le pneu…»

Mais le paradigme du froc humilieur n’a pas dit son dernier mot et le voilà qui se déchaîne, en rebrandissant deux abominables spécimens eighties: le jeans moulant et le kolandjim – c’est comme ça qu’on prononçait le syntagme «collant de gym» au temps de nos premiers soutifs, quand on volait les chemises à nos papas parce qu’on les trouvait extrêmement cool.

Aujourd’hui, ces choses s’appellent respectivement «slim» et «leggings», mais l’effet reste le même: ça se porte avec des succédanés de chemises (des choses croisées sous-nichons façon femme enceinte appelées «tuniques»), ça vous métamorphose n’importe quelle femme en tasson et ça nous ramène à la case cauchemar.
Y’a donc plus qu’une issue pour échapper au fléau slim&kolandjim, les filles: faire comme Kimber – pour les frocs, en tout cas. Pour la scientologie, le porno et le détournement de mineurs, c’est vous qui voyez.