Sam et Cora avaient décidé cette année d'initier Tessa et ses 2 ans à la magie de l'Avent. Avec calendrier, couronne, rites archétypaux de la Saint-Nicolas (inventés par eux mais très crédibles dans leur rôle archétypal), biscuits maison, etc. Un programme pétri de frénésie pré-deuxième enfant. Sam et Cora savent en effet, pour avoir observé leurs amis-qui-en-ont-déjà-deux, que dès l'année prochaine, toute velléité de transmettre ces «rites essentiels et fondateurs qui vont au-delà du consumérisme» sera automatiquement frappée du verdict «irréalisable et foutu d'avance».
Mais neuf jours après le lancement de cette effervescence adventique, leur élan bat déjà de l'aile. Motif: Tessa les lessive chaque jour un peu plus, notamment en se réveillant tous les matins à 4 heures pour découvrir ce qui se cache dans la pochette du calendrier (une chose en feutrine difficile à identifier au premier coup d'œil, mais cousue par Cora qui jure avoir suivi à la lettre des indications téléchargées sur le net). Tessa a également passé toute la nuit du 6 au 7 décembre à hurler dans son sommeil, rêvant manifestement qu'elle se faisait manger par le Saint Nicolas aperçu l'après-midi même dans la forêt, lors du fameux «rite archétypal» organisé par ses parents.
Hier, Cora et Sam ont donc décidé de mettre fin à la magie de l'Avent en faisant disparaître la couronne et le calendrier. Et ont offert à Tessa, «en avance pour Noël» (et surtout pour la sauver du désespoir), la ferme aux animaux Duplo. Sans bergers, ni bœuf, ni âne gris.