Le chéri est malade depuis samedi, ce qui est pire que nos deux enfants flirtant simultanément avec une fièvre à 39,8, la toux glaireuse et le sommeil genre délire Dogma filmé caméra à l’épaule. Parce que les enfants, eux, sont francs de collier quand ils sont la proie des virus. Ils se sentent mal et ne demandent qu’à se sentir mieux – par exemple en regardant le DVD de «Spirit». Leur père, lui, se sent d’abord obligé de jouer au héros qui souffre en silence – mais quand même ostensiblement.
Et puis chez les enfants, les symptômes sont sans équivoque: c’est croûté de moque, ça vomit, ça hurle «naaaan!» à la vue du suppositoire. Alors que le mal du chéri se présente comme un insondable désert des Tartares d’où menace de débouler le pire. Car le chéri n’a ni rhume, ni toux, ni fièvre, juste «le crâne qui va exploser», «une sensation étrange au fond de la gorge» et «les jambes tellement douloureuses qu’elles me portent à peine». Mais il refuse de prendre du paracétamol, préférant «laisser faire le corps» - et me laisser faire seule avec les enfants. Puis, après 24 heures, il endosse le rôle du mâle anéanti qui zone en training, lampe d’un air souffreteux de la tisane Sidroga, goûte à peine aux spaghettis de l’air du mourant qui a perdu tout appétit (avant d’aller une heure plus tard se tailler de belles tranches de salami).
Mais ce matin, comme il ne se sentait toujours «un peu faible et frissonnant», le chéri a décidé que ça suffisait. Il a pris 500 mg de Dafalgan et regardé le DVD de «Kill Bill 2». Sûr que demain, il sera guéri.