Il faut s’y résoudre, l’été est définitivement là. Et avec lui, l’obligation pour les femmes de clamer «C’est super ce soleil! Moi, j’adore la chaleur! Et puis ça fait un bien d’enlever toutes ces couches, de respirer, quoi!» Obligation, parce que celle qui n’affiche pas régulièrement son enthousiasme estivophile finit forcément par passer pour une rabat-joie en voie de mémétude.
Et c’est bien connu: seules celles qui exhibent hédonistement leur corps (spontanément ferme et hâlé of course) rayonnent de joie de vivre. «Etre bien», c’est «revivre» sous les canicules, «se régaler» de crudités et de séré maigre… L’équilibre, quoi. Voilà pour le mythe. Moi, je fais partie de celles qui n’ont rien contre l’hiver – surtout vu sous l’angle de ses plats délicieusement riches. Et l’été, je pourrais même aimer si on voulait bien lâcher les chlappettes à mon sexe. Car pour les femmes, la belle saison est juste une suite d’injonctions subliminales du genre «Traque le bourrelet qui est en toi!» ou «Humilie-toi dans ce bikini qui te boudine!»
Alors que l’été pourrait être une saison merveilleuse. Il suffirait de troquer le lycra qui fait suer contre une chose maxi-aérée genre tunique XXL, de rester vautrée au frais sous les arbres et de se taper voluptueusement de grosses caipirinhas avec des bols entiers de pistaches au sel. On cesserait de se sentir saucisse, on s’aimerait comme on est, ni hâlée ni ferme. Ça, ce serait l’équilibre, non?
Les filles, c’est à nous: il reste six semaines pour transcender le bikini et réinventer l’été.