Pour la première fois de sa vie, Lumi est fatiguée par un bébé à venir. «J’ai juste la force de me goinfrer de glaces et j’ai pris huit kilos en dix jours», m’a-t-elle confié l’autre jour en se servant son douzième mug de café de la journée. Je lui ai dit alors que ce qu’il y a de bien, quand on mesure 1 mètre 85 comme elle, c’est que ça ne se voit pas. Ragaillardie, elle nous a mis une nouvelle cafetière en route et pioché deux cornets dans son congélo.«Lumi est l’être au monde qui boit le plus de café», dit volontiers Sean. C’est ce que dit aussi son gynécologue et il le lui reproche. Lumi trouve ça «révoltant». «Sutout, souligne-t-elle, quand je vois ces Suissesses qui se descendent du blanc pendant leur grossesse avec la quasi-bénédiction du corps médical.»
En fait, d’Helsinki à l’Helvétie, les femmes savent que le pinard et le café sont des ennemis des bébés qui poussent. Pourtant, Lumi et moi avons relevé que chaque culture coupe la poire en deux à sa manière. Ici, un nombre écrasant de femmes enceintes trouvent spontanément le café répugnant mais lèvent volontiers le coude à l’apéro. Lumi, elle, c’est l’idée du ballon de rouge qui la révulse, alors que l’odeur de son grand noir la ramène à la vie.
Mais heureusement, il y a la glace: un met merveilleux et réconciliateur autour duquel les futures mères se retrouvent toutes latitudes confondues. Et qui à l’inverse du café ou du Mont-sur-Rolle, n’a été mis à l’index que par les diététiciennes. Or là, je pense comme Lumi: leur avis ne compte pas.