Notre cadet traverse une phase hurleuse remarquablement nourrie et polyvalente: le matin, le soir, en promenade, en allant à la crèche, en revenant de la crèche, à la maison, en visite, sur la place de jeu, au supermarché, à table, dans la baignoire… du haut de ses 3 ans, notre bébé d’amour semble prendre un plaisir éperdu à hurler. Incroyablement longtemps et incroyablement fort. Ce qui, outre la mutilation auditive infligée, peut devenir particulièrement embarrassant: toute la rue se retourne sur notre passage, le regard tantôt soupçonneux («Peut-être qu’elle le bat?») tantôt plombé de réprobation («Quel affreux marmot!»)Cette période est donc une véritable épreuve pour les nerfs – surtout lorsqu’elle s’assortit de commentaires comme celui qu’a hasardé ma belle-mère l’autre jour: «Peut-être que ça lui fortifie les poumons?»
Nous avons évidemment essayé toute une gamme de stratégies pour endiguer les décibels: l’explication calme (les manuels de puériculture disent que l’alpha et l’oméga, c’est de rester calme même quand la tempête domestique prend des allures d’ouragan Katrina), la menace (les manuels de puériculture disent que l’alpha et l’oméga dans la famille, c’est le respect des limites), le chantage (faut pas déconner, y’en a marre de se faire vriller les tympans), les vociférations (en désespoir de cause). Résultat: les hurlements se poursuivent avec une régularité édifiante.
Et lorsque je demande au cadet pourquoi il hurle, il répond avec un lumineux sourire: «Parce que moi aime!»