Je vous racontais la semaine dernière le faux-pas majeur et incompréhensible qu’avaient commis le scénariste de «Lost» et Dennis Lehane: sous-entendre que quelque part, leur irrésistible héroïne respective était irrésistible parce qu’elle taillait 34. C’était comme si le tube cathodique et les pages de <em>Ténèbres, prenez-moi par la main</em> m’avaient lâché en pleine poire «Hé la grosse, tu seras jamais comme elles!» Un sacré coup.
Mon moral avait cru reprendre du poil de la bête avec «Enough». Dans ce nanar, sur lequel j’étais tombée un soir de zapping, Jennifer Lopez joue le rôle d’une femme battue qui décide d’apprendre à boxer, histoire de casser la gueule à son salaud de mari. Le film est moyen, mais JLo-je-sors-mes-fesses y a une réplique délicieuse: elle dit qu’il lui faut une doublure qui «mesure 1m63 et pèse 62 kilos», comme elle. Ça, c’est du scénario! me suis-je dit avec enthousiasme. Enfin un truc crédible! Et pour me convaincre un peu plus, j’ai néantisé le fait que JLo a failli épouser Ben Affleck, que sa zique est atroce et j’ai décidé de regarder le film jusqu’au bout.
Tout ça, c’était avant que notre Latina calliphyge lâche un pet au visage d’une serveuse (authentique). Depuis, même en toute mauvaise foi, je ne peux plus me dire: «Les maigrichonnes, je m’en tamponne, moi, je suis comme Jennifer Lopez.» Alors j’ai recommencé à lire Lehane et je me repasse «Lost». En caressant l’espoir qu’un jour, peut-être, un auteur de génie imaginera une héroïne que sa troublante façon de dégainer les crackers rend totalement irrésistible.