Cora et a entamé les cinq semaines de «purgatoire horizontal» prescrites par son gynécologue pour éviter qu'elle accouche prématurément. Concrètement, ça veut dire qu'elle vit couchée (de jour sur son canapé, de nuit dans son plumard) et est interdite de tâches quotidiennes. Sam, lui, gère tout le reste: Tessa, les courses, les repas, le ménage, son chef...
C'est vrai qu'en apparence, Sam en bave et Cora se la coule douce. Elle s'est déjà fait deux saisons de «Deadwood» pendant que lui jonglait entre la crèche, les rendez-vous d'affaires et l'aspirateur. Et elle s'est servie de sa carte de crédit à lui (la sienne à elle est «quelque part au boulot») pour écumer les e-shops du web entier - sept coffrets DVD, seize saucissons de Morteau et une fontaine à absinthe (c'est bizarre, parce que normalement, Cora déteste l'anis), deux kilos de choc berlinois hors de prix, les soldes Formes...
Mais il faut voir au-delà. Parce qu'en réalité, Sam n'échangerait pour rien au monde ses tonnes de lessive contre les piquouses anti-thrombose abominablement douloureuses que Cora doit se faire tous les matins, ou pire, contre les bas nylon blanc (anti-thromboses également) qu'elle est obligée de porter jour et nuit - surtout à cause de cette ouverture qu'ils ont sur le coup de pied et qui leur confère une aura particulièrement dégradante. Et surtout, Sam est soulagé que ce soit la masse musculaire de Cora qui fonde à vue d'œil et pas la sienne: entre nous, lui, il serait au fond du trou s'il n'avait plus que la graisse sur les os.