18 novembre 2006

Notre pain quotidien

L'aîné me tanne tout le week-end, six fois par jour: «T'oublies pas, Maman, hein? La maîtresse nous a dit d'amener mardi de la pâte à pain pour la matinée en forêt!» A quoi je réponds tout le week-end, six fois par jour: «Je n'oublie pas.» Lundi soir, l'aîné remet ça, façon petit Machiavel: «Maman, je crois que je vais demander à Papa de faire la pâte. Lui, je sais qu'il oublie pas.» A quoi je réponds, piquée au vif par ce «lui» extatique, alors que la pâte à pain fait typiquement partie des choses «scolaires» que le chéri oublie régulièrement: «Je m'en occupe.»

Ouf! Marmaille au lit, le chéri de sortie, à moi la soirée, avec un programme TV au top: la 2 de «Desperate Housewives», suivie de la 2 de «Grey's Anatomy», suivie de la 2 de «Lost», suivie d'une émission sportive sans intérêt (mais ça permet de faire des trucs pour lesquels on n'a jamais le temps, comme se laver les cheveux, s'épiler...), suivie de la 2 de «Dr House», le misanthrope... Suis au plume à minuit moins le quart. M'endors fissa, comblée. N'entends pas le chéri rentrer.

Réveil brutal à 3 heures du matin: je viens de rêver que Bree se faisait opérer par le Dr Shepard avant que Meredith Grey fasse irruption dans la salle d'op avec Kate et Lynette en disant «4, 8, 15, 16, 23, 42». Sursaut horrifié: la pâte à pain! Je fonce à la cuisine. Où le chéri en caleçon est déjà en train de pétrir hargneusement dans le noir. Il pointe un doigt enfariné sur sa poitrine et lâche en plissant les yeux un diagnostic cruel et very Dr House: «Moi, au moins, j'oublie pas!»