30 septembre 2006

Théorème de géométrie nocturne

2 h 09: P, 3 ans, se redresse à angle droit dans le rectangle simple A (son lit) et gagne en ligne pointillée le rectantgle double B (lit de ses parents), où son père M et sa mère O ronflent faiblement. P s'allonge en B parallèlement à O.

2 heures 47. Les bras de M et de P forment un triangle isocèle autour de la tête de O qui tente de faire effectuer une translation à P vers l'extérieur du rectangle B. Peine perdue: P se débat, P geint. O gagne en ligne ondulée le rectangle A où elle se tasse en ligne brisée.

3 h 12: En A, O ronfle, le visage crispé par l'inconfort. En B, P. a effectué une rotation à 90 degrés et repose perpendiculairement à M.

3 h 15: M est tiré dans son sommeil par des orteils qui remuent dans ses narines. Il ouvre les yeux et aperçoit P dont les pieds forment une tangente sur son visage. P remue. Trop tard, M prend un coup dans le nez. Etouffant un juron de douleur, il effectue hors de B une rotation à 360 degrés en se tenant le visage.

3 h 22. M et O sont assis symétriquement de part et d'autre du rectangle C (table de la cuisine). M. presse une poche de glace sur son nez. O dit: «Il faut faire quelque chose. Il est d'une régularité presque mathématique, ces derniers temps.» M répond: «Mmh.»

3 h 51. M repose en D (canapé du salon en arc de cercle). O forme une nouvelle ligne brisée en A, alors que P occupe B depuis son centre, bras et jambes symétriquement déployés. Du haut du ciel, Léonard de Vinci sourit: il vient de reconnaître son Homme de Vitruve et l'inscrit dans un cercle.