23 mai 2006

Prendre l’air

L’évangile de puériculture exhorte les parents à emmener leurs enfants dehors. Sous-texte de cette bienveillante injonction: «Si tu ne les aères pas, tes gosses deviendront de comateux petits obèses et ce sera de ta faute!»

Etant moi-même sous l’emprise de cette doctrine, je prêche régulièrement à mes enfants les bienfaits de l’air pur. Le chéri, lui, se réclame d’une autre sagesse: «Pour prendre l’air, il suffit d’ouvrir la fenêtre.» Ça ne l’a pas empêché d’acheter des trailers arrimables à nos vélos pour de longues balades en famille. Et l’autre jour, j’ai trouvé qu’il était temps d’étrenner ces engins.

J’ai réussi à laver le cerveau de l’aîné en lui promettant une éclate d’enfer sur le trailer - et un Kinder Surprise au retour. Le cadet est resté inflexible et le chéri s’est empressé de se porter volontaire pour lui tenir compagnie. Je les ai traités de dégonflés et je me suis attelée à l’attelage du trailer. Ce qui m’a pris une éternité (le prospectus qui parle de «simple clic» est un tissu de mensonges). Entre temps, les nuages étaient revenus à la charge, carrément noirs, et les premières gouttes se sont mises à tomber alors que nous enfourchions le bolide. «Pas de problème, ai-je lancé à mon fils, en mère cool et sportive. On fait juste un petit tour et on revient.» Mais la pluie s’est mise à tomber de plus belle. Et deux minutes plus tard, nous étions bombardés de grêlons.

Alors que l’aîné sanglotait derrière moi «Ch’peux plus respirer!!», je me suis dit que j’aurais peut-être mieux fait d’ouvrir la fenêtre.