La télé alémanique diffuse en ce moment la quatrième saison de «24». En adorateurs de Jack Bauer, son fabuleux héros insoumis, le chéri et moi sommes aux anges de pouvoir à nouveau clamer tous les lundis «Jack is back!» en sabrant les chips et la binch. 2006 ne pouvait démarrer avec plus de panache! D’autant plus que nous avons cessé d’avoir vaguement honte de notre condition de sérioliques incurables. Pour tout dire, nous sommes même fiers de nous.
Ce retournement, nous le devons à un doc récemment diffusé par Arte. Lequel démontrait avec brio qu’aujourd’hui, à l’heure où le ciné s’englue, l’avant-garde de la fiction audiovisuelle est bel et bien au pays longtemps raillé des séries télé. Et le doc de souligner l’éblouissance révolutionnaire des scénarios, les époustouflantes audaces formelles, la magistrale redéfinition des personnages… Ce soir-là, le chéri et moi avons compris qu’il existait un troublant parallèle entre nous et les brillants esprits qui, en leur temps, avaient compris la peinture cubiste avant tout le monde. Enfin on nous affranchissait de notre humiliant statut de parents largués qui ne sortent plus et se condamnent à la télé! Enfin, on nous rendait hommage!
Il est donc temps que les séries TV figurent dans l’Encyclopaedia Universalis. Et que les historiens se préparent à expliquer aux générations futures que ceux que les moralistes de l’an 2000 fustigeaient comme de navrants abrutis araldités au petit écran étaient en fait des précurseurs incompris qui faisaient acte de génie visionnaire.