29 mai 2005

X-File épidermique

J’ai attrapé une rougeur au visage. Une inflammation aussi discrète et seyante qu’une lampe de chantier, à vous flanquer des coups au moral chaque fois que vous vous regardez dans la glace. J’ai quand même essayé de prendre sur moi pendant dix jours en me disant «ça finira bien par passer tout seul».

Mais cette recette pétrie de sagesse populaire est restée totalement inefficace. Si bien que j’ai fini par aller voir mon généraliste, qui m’a longuement scruté le visage en plissant les yeux, et a achevé de m’humilier en décrivant ce qu’il voyait: «C’est vraiment très rouge, hein? Et ça s’étend là… Vous avez remarqué vous aussi ces petites pustules sur le bord, hein? Tsss… Bon! On va mettre un peu de cortisone. Mais il se peut que ça revienne.»

Mon généraliste est aussi prophète: il s’est produit exactement ce qu’il avait dit, c’est revenu. En pire. Si bien qu’il m’a envoyée chez un dermatologue. Ce fascinant personnage chaussé de baskets lamées argent et assis dans un bureau design baigné de musique easy listening m’a balayé le visage de son œil au laser. Avant de déclarer lapidairement «Ce n’est pas de l’acné» et de me faire une ordonnance… pour un traitement anti-acné.

Les voies de la dermatologie sont impénétrables: ma rougeur s’est envolée. Peut-être parce que ce traitement contre l’acné est secrètement efficace contre ce qui «n’est pas de l’acné». Ou alors, ce sont les baskets en papier d’alu. Dommage que Mulder et Scully aient définitivement raccroché: j’aurais bien aimé avoir leur point de vue.