Julie a accouché il y a quinze jours de son premier bébé. Par voie naturelle sans péridurale ni épisiotomie en 4 heures 30 chrono. Sur les photos prises dans les minutes qui ont suivi la naissance, elle a à peine l’air fatigué. Une vraie pub pour l’enfantement que scrutent avec incrédulité celles qui ont enduré un calvaire de 15 heures qui s’est achevé par une césarienne en urgence et quatre côtes luxées.
Quand Julie a regagné ses pénates avec son bout de chou, Marc, son mec, a été impeccable. Il disait d’ailleurs à qui voulait l’entendre qu’il ne «comprenait pas» ces mecs qui se débinent. Il a langé et baigné le petit, fait les commis, la lessive, préparé à manger – et sans doute fait baver d’envie toutes celles dont le compagnon avait vite battu en retraite au boulot dès leur retour de la mat. Julie était en extase, folle de lui et de leur bébé. Elle se faisait jolie et mettait du rouge à lèvres.
Et puis peu à peu, Marc a remarqué qu’on avait «besoin de lui» au travail. Et comme le petit l’avait réveillé la nuit, il a dit le lendemain que «ouh là là», il avait été «KO» toute la journée et que s’il ne voulait pas «verser», mieux valait désormais qu’il ne se lève pas plus d’une fois.
Alors maintenant, Julie le laisse dormir. Elle et le petit font la sieste serrés l’un contre l’autre. Elle pleure trois fois pas jour et son apparte n’est plus un loft de catalogue. Il est 17 heures, elle est toujours en pyjama et n’a pas mis de rouge à lèvres. Elle est superbe, elle sent le bébé et le lait. Elle est maman. Pour de vrai.