2 février 2005

Trempette et zapette


Pour d’aucuns, le petit plaisir à deux, c’est un souper aux chandelles avec mets raffinés et pinard subtil bu les yeux dans les yeux. Pour le chéri et moi, c’est une fondue au fromage devant la télé. On pourrait facilement taxer de concept de consternant, tueur de couple et typique de tout ce qui ne va pas dans notre société «en mal de repères»: trop de graisse, trop de TV et pas assez de repas pris à table.

N’empêche: chaque fois que nous faisons de la cheese-trempette devant le poste, nous anoblissons la fondue en lui offrant le meilleur du programme télé ou de notre DVD-thèque – certes encore modeste, mais au potentiel d’extension considérable, vu que nous avons raté 500 films au bas mot depuis que nos enfants sont nés.

Tout le secret est dans la programmation. Oubliez les bonnes séries, forcément brutales, voire sanguinolentes. On déconseillera par exemple «Urgences» et «Nip/Tuck»: non que les affres existentielles des urgentiste ou le cynisme en chemise rose du Dr Troy s’harmonisent mal avec la caresse onctueuse que la fondue fait aux papilles. Le vrai problème, c’est quand l’hémoglobine gicle ou quand ça liposuce comme pour de vrai: même le plus fabuleux des mélanges n’y résiste pas.

Non, le top du top c’est un bon film rendu cinéma-size grâce à la magie du beamer du voisin. Dernière variante testée: mon chéri, ma fondue et mon canapé avec «Lost in Translation» projeté en grand sur le mur de mon salon. Inoubliable. Le temps d’une moitié-moitié, nous avons effleuré la magie du village global.