16 février 2005

La lolette du toxico

Notre aîné a 4 ans et c’est un toxico de la lolette-pré-pionce. C’est mal, dit l’évangile de puériculture, qui encourage les parents à trouver des stratégies pour que leur enfant renonce spontanément aux délices de la tétouille. Dans le droit fil de ces préceptes, nous avons raconté maintes fois d’un air exalté à notre aîné les histoires (véridiques) d’enfants qui jettent spontanément leur lolette à la poubelle. Et ça a porté ses fruits: à force de se faire laver le cerveau, notre fils nous a annoncé spontanément qu’il allait lui aussi passer à l’acte. Tout était merveilleux... jusqu’à l’heure du coucher, où il nous a fait savoir qu’il avait changé d’avis. Mais nous avons su rester fermes. Aimants mais fermes: fini la lolette.

Cette aimante fermeté a marqué le début d’un véritable cauchemar scandé d’épisodes nocturnes où la chair de notre chair hurlait au désespoir. Et puis hier soir, tout a basculé. Nous allions attaquer l’apéro avec nos invités, lorsqu’il s’est mis à geindre. Nous avons d’abord ri, comme des parents cool et bien dans leur peau. Puis tenté de nous relayer à son chevet. En vain, nous semblions condamnés au rôle odieux des géniteurs chez qui tout foire.

Alors le chéri et moi avons envoyé paître l’évangile de puériculture, dégainé la lolette de secours et glissé le corps du délit dans la bouche du poussin. Ses yeux ont vrillé de délice comme ceux d’un héroïnomane, son corps s’est affaissé. Et nous sommes retournés à notre Prosecco en soupirant d’aise de nous être montrés si faibles.