Depuis plusieurs semaines, Marc était en proie à une nostalgie berlinoise à peine soutenable. Alors quand sa belle-mère a proposé d’emmener Leo à Euro Disney, Marc a aussitôt clamé: «Quelle excellente idée!». Puis il s’est rué sur son ordi afin de commander deux billets pour Berlin et de skyper Gerd, son ancien coloc végétalien de Kreuzberg, lequel leur a proposé illico une chambre dans la WG pour le week-end. Aucun doute: Berlin l’attendait! En atterrissant à Tegel, Marc a d’ailleurs senti monter en lui quelque chose comme une prise de conscience: Ich bin ein Berliner… C’était si profondément euphorisant que dès son arrivée à Kreuzberg, Marc s’est enfermé avec Julie dans la piaule de la WG et lui a arraché ses vêtements avec une ardeur remarquable.
Ils étaient déjà bien lancés quand tout à coup, quelque chose a fait boum au plafond. Ça leur a un peu coupé la chique, mais ils n’ont pas tardé à reprendre avec enthousiasme là où ils en étaient restés. Re-boum. Marc: «On s’en fout…» Julie: «Ouais…» Bruits intimes. Boum-boum. Marc n’en revenait pas: c’était tellement anti-Berlin cette manière de faire comprendre aux gens qu’ils dérangeaient. Ils devaient résister, brandir leur bulle érotique comme un statement. Mais quatre tentatives de reconstituer ladite bulle et sept boum plus tard, Julie et Marc ont fini par se rhabiller.
Le soir, ils ont pris l’apéro sur le toit de l’immeuble et Marc a demandé à Gerd qui étaient les voisins du dessus. «Un couple hypertolérant, avec un humour hyperberlinois», a répondu Gerd. Marc n’y comprenait plus rien. Est-ce que Berlin était toujours Berlin? Finalement, lesdits voisins, Dieter et Ursula, les ont rejoints sur le toit. Quelques bières plus tard, Dieter soufflait à Marc: «Au fait, pourquoi vous vous êtes arrêtés, ta femme et toi? Vous aviez pas compris qu’on plaisantait?»