7 février 2009

Signs…

Isabel a emmené Marion aux bains thermaux pour «une sortie entre filles». Mais Marion lui a d’emblée fait comprendre qu’elle trouvait cette perspective craignos et se l’est jouée 100% évitement tout au long de la barbote – genre «Je me barre vers les buses dès que tu me rejoins au bain à remous» ou «Si tu fais mine de te pointer aux buses pendant que j'y suis, je fous le camp à la cascade». Isabel sentait planer sur elle le spectre ado. Fini, les câlins, les échanges tendres: d’ici peu, il faudrait parler soutien-gorges, contraception…

Histoire de rompre avec ces pensées déprimantes, Isabel a quitté les bassins pour l’aire de repos. Elle était en train d’attraper sa serviette lorsqu’une voix d’homme a chuchoté derrière elle: «Excusez-moi…» Isabel s’est retournée pour découvrir un trentenaire très craquant qui tenait dans les bras un bébé encore plus craquant. C’était un signe! Le destin venait à son secours, consolateur! «Vous pourriez garder mon fils pendant que je vais aux…, a demandé le trentenaire à voix basse, en désignant d’un geste éloquent le couloir qui menait aux toilettes. Ma femme est au massage, et là, vraiment…» «Mais bien sûr!», s’est exclamée Isabel. Et elle a tendu les bras vers l’adorable bébé, qui, tandis que son papa détalait aux waters, l’a gratifié d’un lumineux sourire avant de s’abandonner contre elle, de tout son petit corps. Indicible, cette émotion... Et si Juan et elle s’étaient trompés, avec leur idée d’enfant unique? Si le bonheur, c’était ça? Isabel défaillait. C’était un signe! Il fallait qu’elle parle à Juan! Qu’ils reconsidèrent la question!

Elle était encore en proie à sa bouffée maternante, lorsque le papa est réapparu, déclenchant inopinément une violente crise de gigote chez l’adorable bébé, dont mimines et petons ont rageusement bataillé en quête d’appui. Pour finir par se contenter du bikini d’Isabel, qui s’est retrouvée publiquement dépoitraillée et déculottée sans avoir eu le temps de dire ouf. Un autre signe? Sans aucun doute.