Julie estime qu’il est impératif d’inculquer aux enfants le respect des animaux. Parce que les animaux ne sont pas des jouets juste bons à assouvir les caprices de marmots insensibles. Après tout, Julie sait de quoi elle parle: elle a un chien. Et en femme de conviction, elle ne s’est jamais gênée de remettre à l’ordre «ces parents totalement irresponsables» qui laissaient courir en liberté leur marmaille. Avec des remarques bien senties du genre: «Retenez donc un peu votre gosse! Il fait peur à mon chien!»
Mais ente-temps, Julie a eu un bébé. Qui comme nombre de ses contemporains, approche les animaux avec force glapissements suraigus, filets de bave exaltés et galipettes de cascadeur. Si bien qu’aujourd’hui, Julie estime que le problème dans la relation chien-enfant est «en fait du côté des maîtres».
Elle en veut pour preuve un spécimen dont elle a découvert avec dégoût qu’il venait faire déféquer son clébard tous les matins dans le carré de gravier où joue son fils. Certes, ce «porc» comme l’appelle désormais Julie, ramassait chaque fois l’étron dans un Robby-Dog. Mais écœurée à l’idée que les «bactéries fécales de ce clebs dégueulasse» puissent grimper sur les mimines de son fils, Julie a fini par haranguer le type depuis son balcon: «Ça ne vous est jamais venu à l’idée qu’il y a des enfants qui jouent ici? Il pourrait pas chier ailleurs votre chien?»
Depuis, Julie dénonce volontiers ces «tarés limite zoophiles qui mettent leur animal à égalité avec un enfant». Pas de doute, la maternité l’a fait évoluer.