C’est un truc que j’ai depuis petite: je découvre une recette, elle me fait envie et paf, me voilà limite obsessionnelle. C’est comme une urgence. Là, tout de suite, même si je n’ai pas les ingrédients, il faut que je cuisine, que je prépare ça.
A 11 ans déjà, je ne pouvais pas lire la recette de la tarte au citron par Freddy Girardet sans courir aussitôt à la cuisine pour la préparer en me contenant du contenu anti-cholestérol de notre frigo familial. Avec du séré maigre à la place de la double-crème, le résultat était granuleux, mais l’urgence apaisée.
Ça me reprend régulièrement. Dernière en date: la baguette fusion, dont je dois la recette au «Tages-Anzeiger». Le met témoigne, dixit l’auteur, de la «double empreinte culinaire laissée par les Français en Indochine: la baguette et la Vache-qui-rit». Il paraît qu’au Viêt-Nam – je dis il paraît parce que je n’y ai jamais mis les pieds – on en fait des tartines garnies de viande rôtie ou de saucisson, le tout parsemé d’herbes aromatiques hachées.
L’évocation de cette rencontre croustille-graisse-poivre m’a fait saliver illico. J’ai rongé mon frein toute la soirée en me repassant mentalement le contenu du frigo jusqu’au coucher des enfants. Et puis, j’ai attrapé le Pain Paillasse (pas de baguette sous la main), je l’ai copieusement enduit de Tartinette (j’avais pas de Vache-qui-rit), garni de saucisson fribourgeois (à la guerre comme à la guerre) et de menthe (coriandre décidément trop racornie)... Extraordinaire! Et vous savez quoi? Je trépigne à l’idée de recommencer.