Isabel et Juan sont allés passer quelques jours en Bavière dans une ferme plantée à côté d’un établissement bien-être mammouth, où Isabel a booké pour elle un programme bien-être mammouth aussi: saunas, bains de foin, parcours Kneipp, cure de petit-lait, drainages lymphatiques... Marion et Juan la voient à peine. Et quand elle rentre, elle est «tellement détendue» qu’elle bascule aussi sec dans les bras de Morphée. Au grand dam de Juan qui n’a même pas réussi à l’allumer en lui racontant que Marion s’était amourachée de Fritz, le garçon de la ferme.
«Et tu l’as vu, a fait Juan. Acnéique, germain, renfrogné. Avec Marion qui trotte servilement sur ses talons. C’est atroce. On a échoué…» En temps normal, c’est le genre d’annonce qui aurait fait bondir Isabel. Mais là, elle a juste bâillé, avant de lâcher d'un air extatique: «Je suis folle de ce masseur.» «Pardon?» Juan a senti la moutarde lui monter au nez. «Il a des mains fabuleuses, a poursuivi Isabel. Il lui a suffi de poser ses paumes sur mon corps pour sentir ce dont il avait besoin. Jamais j’aurais imaginé qu’un homme pouvait avoir une telle intuition.»
Bordel de merde! s’est dit Juan. «T’as l’air crispé», a remarqué Isabel «Sans blague?», a fait Juan. En temps normal, Isabel aurait capté illico, mais c'était comme si tout ce bien-être lui avait limé les antennes. «Ben puisque tu en parles, a dit Juan de sa voix la plus sexe en se calant contre elle, je me disais…» Mais Isabel dormait déjà. Saloperie de Bavière!
Le lendemain, Juan s’est levé, prêt à faire les bagages pour décamper. Jusqu’à ce qu’on frappe à la porte. C’était Gudrun, la grande sœur de Fritz, qui voulait savoir s’ils avaient besoin de quelque chose. En plongeant le regard dans son bavarois et généreux décolleté à fronces, Juan a senti une chaleur délicieusement réconfortante lui envahir les reins. Le bien-être. Le vrai.