2 septembre 2006

Proust-ice estival

J'ai fait deux découvertes radicales pendant les canicules: 1) On finit par se lasser de tout quand ça cuite: des pastèques, des melons, des cerises, des sushi et même des bières... Mais pas des glaces. 2) L'astre gelato de la grande distribution helvétique est incontestablement migroïdien. Si, si.

Deux motifs à cela: a) C'est au M-génie qu'on doit les sompteux «Nougat Montélimar», «Lemons & Limes» et «Macadamia & Pecan», qui, affirme mon palais, laissent sur le carreau toutes les variantes Mövenpick. b) La Migros est la seule à avoir conservé une archive glaciaire digne de ce nom avec les eskimos de mon enfance en emballage sixties d'origine: l'otarie pour «Vanille», l'ours pour «Chocolat», le singe pour «Fraise»...

Ailleurs, il s'est produit une véritable catastrophe: l'ice-mémoire a été anéantie et seule «Apollo» a survécu. Pour qui rêve de grands moments proustiens, c'est absolument dépriment. J'aurais adoré, par exemple, faire la nique aux 34 degrés de cet été comme en 1979: avec plein de «Vampir» mûres-famboises-qui-faisaient-la-langue-noire, ou en laissant des tas de «Napoli» me baigner de leur émouvante fraîcheur.

J'ai heureusement éprouvé récemment comme une consolation en surprenant un chat sur Internet. En voici l'extrait le plus éloquent: G: «Vampir? C'est la meilleure glace qui ait jamais existé!» M: «Maintenant que tu le dis, c'est vrai! Ah! En lécher une! Et se caler ensuite avec un Tiki-citron et un Raider...» G: «C'était une sacrée époque: à chaque épisode, je tremblais pour Lassie...»