14 mars 2006

Le père et le cash

La semaine dernière, Lumi et moi avons passé un après-midi remarquable, façon paix royale. Pirkko pionçait ferme couverture, les grands jouaient aux princesses-dinosaures et aux chevaliers-Shrek à l’étage. On pouvait donc bâfrer du cake sans redouter d’avoir à chaque instant un conflit insoluble à arbitrer la bouche pleine. La plénitude!

C’est là que Lumi m’a raconté qu’elle avait récemment réalisé un truc: elle était lessivée, alors que Sean pétait la forme, carrière au poing. «Ce qu’il y a de vache, a poursuivi Lumi, c’est que même quand il voit à peine les enfants, il n’a jamais de doute sur sa place de paternel. Il peut même brandir l’argument bateau de la société moderne qui n’est pas mûre pour le temps partiel masculin. Alors l’autre jour, j’ai décidé de mettre les pendules à l’heure.» «Comment?», ai-je demandé. «J’ai cessé de me sentir mal par rapport au fric et au fait que je vis à ses crochets, a répondu Lumi. J’ai compris que pour m’en sortir, je devais réussir à considérer l’argent qu’il gagne comme étant le mien. De la même façon qu’il considère les enfants que j’élève moi comme étant les siens.

»Eh bien depuis, a-t-elle poursuivi, je comprends mieux les mecs qui ont le front d’affirmer qu’avoir des enfants, ça ne vous chamboule pas tant que ça l’existence. J’ai même décidé de les battre à plate couture sur le terrain de la mauvaise foi et de leur dire, chaque fois qu’ils geignent à cause du boulot, que gagner sa vie, ce n’est pas si dur que ça. La preuve, taper 300 balles à Sean, ça n’a rien d’éreintant.»