22 septembre 2007

L’accélérateur évolutif

Flash-back, il y a quatre ans et demi: je suis en train de tenter de calmer les plaintes affamées du cadet à coups de bouillie pâtisson-nouillettes, alors que l’aîné s’égosille depuis les toilettes «Maaamaaan! J’ai fini de faire caca! Maaamaaan!» Une situation exemplairement double bind, où soulager l’un fera forcément redoubler les hurlements de l’autre et où je réalise que je suis en train de toucher le fond, genre: «Nourrir ou torcher, tel est mon destin.»

Me reviennent alors les propos de ma belle-mère: «On a l’impression que nos enfants resteront toujours des bébés, et puis tout à coup, les voilà qui partent pour leur premier jour d’école.» J’enfile une nouvelle cuillerée de bouillie dans la bouche du cadet, tandis que l’aîné braille de plus belle: «Caacaaa! Fiiniii!» Et je gronde entre mes dents: «Ben là tu vois, vieille noix, je donnerais cher pour un petit coup d’accélérateur évolutif!»

Aujourd’hui, mes enfants vont à l’école et c’est vrai, ces années ont passé à toute vitesse. J’ai aussi changé de destin, puisqu’ils savent se torcher, se préparer un bol de corn flakes et grimper sans ma permission jusqu’au placard à junk food. Ils savent également qu’on adoubait les chevaliers et qu’il y a des superclips Star Wars Lego* sur Youtube qui leur inspirent une rhétorique puissante et futuristico-scato, genre: «Ben moi, je fais pipi sur Dartedevooor.» J’écoute, je n’en reviens pas. Et en goûtant le potage pâtisson-nouillettes de midi, je médite aux ratés de l’accélérateur