20 avril 2005

Héritage féministe

Lumi est Finlandaise et tente en Suisse une expérience qui lui vaudrait illico l’opprobre de ses compatriotes: elle est femme au foyer. Non qu’elle ait la fibre ménagère. Les fées du logis la laissent perplexe, ses talents culinaires se résument à suivre les indications qui figurent sur l’emballage des plats précuisinés et elle a trouvé ses études universitaires passionantes. Alors quoi?Eh bien Lumi est femme au foyer par protestation contre ce qu’elle appelle le «dogme féministe finlandais qui définit une femme exclusivement par son boulot». Elle est convaincue qu’on peut faire les choses «différemment». Le problème, c’est qu’elle n’a pas encore trouvé comment. Par exemple, ses enfants lui courent sur le fil avec la même régularité qu’ils courent sur celui de mères qui bossent au moins à temps partiel.

Mais Lumi est plus finlandaise qu’elle ne veut bien l’admettre. La preuve par la dernière party où je l’ai vue. Une soirée assez branchée où elle a débarqué sans make-up vêtue d’un velours côtelé stretch taille haute et d’un col roulé bûcheron. Il faut avoir reçu une éducation 100% féministe pour oser ça. Elle a gentiment salué l’assemblée incrédule avant d’aller raffler au bar une bouteille de Prosecco et une autre de Coca (elle aime bien boire les deux en alternance «pour équilibrer» dit-elle). On s’est assises et après quelques flûtes & Coke, elle m’a dit qu’elle tenait peut-être la solution: «Je crois qu’on va faire un troisième enfant. Il paraît que là, tu lâches totalement prise et que tu deviens définitivement cool.»