28 octobre 2006

Kisague-moi un mouton

Certaines personnes ont la popote-révélation à l'achat d'un robot ménager. Pour Lumi, c'est arrivé grâce à un émulsionneur Kisag (qui devait initialement servir à pschhter de la crème fouettée sur des donuts McDo) et à la brochure de recettes qui l'accompagnait. Ce manuel du bon usage du shaker à gaz montrait en effet qu'il suffit de bourrer le Kisag d'ingrédients, de charger la capsule, de secouer et hop, le voilà qui vous pschhhte une mousse au chocolat, une sauce hollandaise...

Littéralement sous le charme, Lumi s'est mise à kisaguer à tire-larigot, encouragée par sa marmaille. La petite Pirkko, par exemple, fait «pssss...» avec ravissement chaque fois que le Kisag lui pschhte de la carotte ou du brocoli en nuage.

Aujourd'hui, Lumi est équipée en pro (cinq modèles) et écume régulièrement le web en quête de recettes. Elle maîtrise la patates-mousseline émulsionnée d'El Bulli et a même quelques créations à son actif: un caviar d'aubergines pschhté, une Kisag-brandade et une carbonara à l'émulsionneur. Bref, elle et les siens mangent désormais à 70% Kisag... au grand dam de Sean, qui n'en peut plus de toutes ces mousseries.

Or comme il a constaté qu'il était vain d'essayer d'intéresser Lumi à une autre technologie culinaire, il ne lui restait plus qu'une issue: lancer une OPA massue sur les fourneaux. Du coup, Sean rentre tous les jours avant 18 heures pour cuisinier (ce qui ne lui était pas arrivé depuis trois ans). Et Lumi sait désormais qu'il lui suffit de dégainer son Kisag pour obtenir de lui ce qu'elle veut. 

21 octobre 2006

Nouvelles du front

Lundi, 20 heures 35. Le chéri, misérablement prostré sur le canapé, a de la fièvre (40,7°C, affirme le thermomètre). La télévision est allumée.

Le chéri (en train de claquer des dents): Claclaclaclac... Claclaclaclac...
Super Nanny (à la télévision): Tu dois réapprendre à faire preuve d'empathie avec tes enfants, à renouer un contact...
Le chéri: Claclaclaclac... C'est ça, ressasse-nous tes banalités de pédagogue à deux balles... Claclaclaclac... Il me faut une couvertu... Umf... couverture... Claclaclaclac... Ah... Je vais crever... Il me faut de l'ibuprofène... Nom de Dieu... Claclaclacla... Ah... Umf... Claclaclaclac... Nos pauvres gosses... Et dire qu'ils ont enduré ça la semaine dernière...Ah... Claclaclaclac... Alors qu'ils sont si petits... Claclaclaclac... C'est épouvantable... Claclaclaclac...
Super Nanny: Tu dois réapprendre te mettre dans leur peau, à descendre à leur niveau...
Le chéri: Ben là, je te garantis que j'y suis à leur niv...Umf... Claclaclaclac... niveau... Peux plus bouger... Claclaclaclac... Vais crever, je te dis...
Super Nanny: Je sais que c'est dur. Mais c'est essentiel aussi que tu saches faire preuve de fermeté: l'adulte, c'est toi.
Le chéri: Là, t'as raison... Mais c'est pas simple... Claclaclaclac...... Comme l'autre jour... Claclaclaclac...Au zoo... Et là... Claclaclaclac... Claclaclaclac...

Mercredi, 17 heures 20. Le chéri est guéri, mais dans le déni: il prétend que ce protocole est un tissus de mensonge et qu'il n'a jamais parlé à Super Nanny dans le poste.

7 octobre 2006

Les vertus du potage

Chantal a récemment gardé Carl, le fils d'Evelyne. Un enfant que Chantal trouve «tout à fait fascinant et prodigieusement mûr pour ses 4 ans». Carl est d'ailleurs tellement mûr que ses contemporains (comme les jumeaux de Chantal) ont parfois l'air à côté de demeurés légers.

Ce jour-là, Chantal avait choisi de mitonner sa légendaire soupe à la courge - dont son mari Patrick raffole et que ses enfants exècrent - curieuse de découvrir la réaction de Carl. Et elle n'a pas été déçue.

Alors que les jumeaux lampaient leur potage, l'air las et dégoûté, Carl a déclaré dès la première cuillerée: «Mmh, Chantal, c'est exquis!» Chantal en a rougi de plaisir. Puis Carl a dit: «C'est intéressant, la courge. Mon grand-père, par exemple, mange du pain aux graines de courge. Pour sa prostate.»

Chantal a acquiescé d'un air pénétré. «Hé oui, a poursuivi Carl. Comme ça, il n'est pas obligé d'aller faire pipi aussi souvent.» Re-acquièscement de Chantal. «Et d'ailleurs, a encore dit Carl, chez les messieurs, le zizi est différent. Il est grand. Et gros.» Chantal a été contrariée de constater que ses fils écoutaient Carl d'un air captivé. «Oui, a ajouté Carl. Grand, gros. Et foncé. D'ailleurs, c'est peut-être dû à la soupe à la courge. Si l'on pense à l'effet de ses graines sur zizi. N'est-ce pas Chantal?»

Chantal a fini son potage avec difficulté - elle avait l'impression de voir des trucs nager dedans. Les jumeaux, en revanche, n'en ont pas laissé une goutte. Et ont quitté la table en murmurant triomphalement: «Grand. Gros. Et foncé.»