20 décembre 2005

La malédiction des biscuits

J’avais toujours cru que je saurais résister à l’hystérie des fêtes de fin d’année, mais moi aussi, je suis tombée dans le panneau: j’ai décidé de faire des biscuits de Noël avec mes enfants. J’ai même trouvé un motif peudo-freudien pour justifier mon élan pâtissier à la mode du petit Jésus: ma mère n’a jamais fait de biscuits de Noël avec moi.

Je suis donc allé au supermarché m’équiper en pâte à milanais riche en agents conservateurs. A l’intention de tous ceux qui m’objecteront que c’est pas du jeu quand la pâte n’est pas maison, je cite la confession de mon amie Isabel: «J’ai commis l’énorme erreur de faire la pâte moi-même, racontait-elle l’an dernier. Marion s’est renversé une livre de farine sur la tête et m’a éclaffé deux œufs sur les pieds, cette saloperie de pâte collait... J’ai frôlé la crise de nerfs.»

Mes petits chéris ont glapi de joie à l’idée de jouer de l’emporte-pièce. Le cadet s’est aussitôt mis à pétrir sa portion de pâte en clamant avec extase «Pâte à moler jaune!!!» Quant à l’aîné, il a taillé dans la sienne une bonne dizaine de lunes en criant «Aah!» comme un guerrier viking. J’en avais les yeux humides de bonheur.

Le problème, c’est que douze minutes plus tard, ils en ont eu assez – notamment l’aîné que les 150 grammes de pâte crue avalés entre deux taillages de lune avaient rendu nauséeux. J’ai donc dû assurer le reste en solo, ce qui m’a pris deux heures au bas mot. Verdict de mes bébés d’amour: «Ils sont pas très bons, tes biscuits. On peut avoir un Kinder Surprise à la place?»

13 décembre 2005

Première impression

La scène représente une place de jeux, avec M (une mère) et E (son fils de 5 ans), debout entre la balançoire et le toboggan.

E: Maman! M (l’air las): Oui? E: Maman, tu peux m’aider à aller sur la balançoire? M: Mais tu sais te balancer tout seul… E (geignard): Naaaan!! Chuis fatigué. Faut que tu pousses. M (soupirant): Bon, mais juste un tout tout petit moment. E (ravi): D’accord!

M pousse E sur la balançoire. E glousse chaque fois qu’il s’envole, visiblement enchanté. M semble se détendre.

E: Maman! M (la voix pleine d’amour): Oui, chéri? E: Maman, tu sais… M: Quoi mon cœur? E: Tu sais, ça me fait une impression la balançoire. Mais chais pas comment dire… M (qu’on sent soudain attentive, désireuse d’aider E à «trouver les mots»): Ça te fait une impression comment, mon cœur? E: Ça me fait une impression… dans le zizi. M (interdite): Euh… Je …Tu sais, ça peut arriver … Ça vient tout seul … E: C’est ça maman, une impression? Quand ça vient comme ça tout seul dans le zizi? M: Non, pas tout à fait… (le ton soudain dynamique, essayant manifestement de faire diversion) Alors là, je crois ce serait vraiment super d’aller sur le tobog… E (l’interrompant): Hé maman, regarde! C’est la maîtresse avec son chien, là-bas (descendant de la balançoire et criant à tue-tête) Ma-dame! (à M): Je vais aller lui demander pour l’impression! M (paniquée): Non, reviens… E (courant et hélant toujours): Ma-dame! J’ai une impr…

Il détale, M sur ses talons qui tente de l’arrêter. Leurs voix se perdent, couverts par les aboiements du chien.

6 décembre 2005

Powterite aiguë

Je fais une inquiétante pop-fixette sur Daniel Powter, l’échalas canadien qui pousse la chansonnette mélodique-sussure et porte toujours un bonnet sur la tête. Sa miouze me rend toute fondante et je suis irritable si je ne peux pas l’écouter. C’est indigne de mon grand âge, c’est moi à 15 ans, fan du groupe Téléphone.

Quoique à l’époque, avoir écrit les paroles de «Cendrillon» sur mon plumier et réussi à choper une fraction de seconde Jean-Louis Aubert par les baskets pendant un concert suffisaient à mon extase. Rien à voir avec aujourd’hui, où l’on peut aller boire aux intarissables sources du web.

Je suis donc allé googler Powter. J’ai surfé sur la propagande de sa maison de disque qui distille partout la même story touchante (et suspecte à force): Powter a les yeux verts et c’est un mec suuuper timide, il est dyslexique et se faisait castagner quand il était petit... J’ai aussi pu constater que Powter a salement perturbé la santé mentale d’une certaine Marie qui lui écrit sur tous les forums de la toile de très, très longs poèmes dont le sujet est presque toujours Powter jouant du piano sur son corps… Enfin, il y a les rumeurs: Powter trouverait Vanessa Paradis canon, un site japonais hébergerait des photos de lui nu (sans bonnet?)…

Bref, je suis revenue du web riche d’infos majeures. Mais j’ignore toujours pourquoi «Song 6» est devenu mon narcotique anti-stratus, la potion magique que je me passe en boucle. Conclusion: il faut que je chope Powter par les baskets. Quelqu’un sait s’il sera bientôt dans le coin?