23 février 2005

Espèce de styliste!

La nouvelle saison de «MusicStar» (la Star Ac’ alémanique) va s’achever ce dimanche et je suis terriblement soulagée. La faute à la souffrance visuelle que cette émission m’a infligée durant deux mois: le «styling» des participants y a probablement battu tous les records de l’insoutenable.Je vous vois venir: «Pas étonnant! Un show pour bourbacks mangeurs de salade de saucisse!». Alors à moi de vous rappeler la France (terre autoproclamée d’élégance et de bon goût) et les looks monstrueux dont elle a affublé avec zèle durant quatre éditions les participants de la Star Ac’ TF-unienne.

Les responsables de ces ignominies sans frontières, ce sont les stylistes. Des êtres flous censés faire du glamour, mais dont l’objectif est en réalité de repousser sans cesse les limites du moche. Les bons stylistes sont donc ceux qui arrachent par émission le plus de «Non!» effarés aux téléspectateurs. Alors qu’ils ont sans doute affirmé en backstage aux malheureux dont ils «s’occupaient»: «Je sais, ça fait déjante, cet ensemble. Mais ça te va vachement bien. Je t’assure, ce côté fou, un peu décalé c’est hyper élégant, super beau. Et c’est vraiment toi.»

Ils ont dû dire un truc du genre à l’animatrice de «MusicStar» pour qu’elle accepte d’enfiler l’hallucinant corset lamé or de l’autre soir. «A la base, elle est mince, biquette, vraiment pas moche, lâchait l’autre jour une copine avec consternation. Mais chaque fois qu’elle débarque sur le plateau, tu te dis 'Tiens! Voilà le boudin!'»

Courage: plus qu’un voyage en science-fiction vestimentaire et c’est terminé. Sauf que Star Ac' devrait rempiler tout soudain...

16 février 2005

La lolette du toxico

Notre aîné a 4 ans et c’est un toxico de la lolette-pré-pionce. C’est mal, dit l’évangile de puériculture, qui encourage les parents à trouver des stratégies pour que leur enfant renonce spontanément aux délices de la tétouille. Dans le droit fil de ces préceptes, nous avons raconté maintes fois d’un air exalté à notre aîné les histoires (véridiques) d’enfants qui jettent spontanément leur lolette à la poubelle. Et ça a porté ses fruits: à force de se faire laver le cerveau, notre fils nous a annoncé spontanément qu’il allait lui aussi passer à l’acte. Tout était merveilleux... jusqu’à l’heure du coucher, où il nous a fait savoir qu’il avait changé d’avis. Mais nous avons su rester fermes. Aimants mais fermes: fini la lolette.

Cette aimante fermeté a marqué le début d’un véritable cauchemar scandé d’épisodes nocturnes où la chair de notre chair hurlait au désespoir. Et puis hier soir, tout a basculé. Nous allions attaquer l’apéro avec nos invités, lorsqu’il s’est mis à geindre. Nous avons d’abord ri, comme des parents cool et bien dans leur peau. Puis tenté de nous relayer à son chevet. En vain, nous semblions condamnés au rôle odieux des géniteurs chez qui tout foire.

Alors le chéri et moi avons envoyé paître l’évangile de puériculture, dégainé la lolette de secours et glissé le corps du délit dans la bouche du poussin. Ses yeux ont vrillé de délice comme ceux d’un héroïnomane, son corps s’est affaissé. Et nous sommes retournés à notre Prosecco en soupirant d’aise de nous être montrés si faibles.

9 février 2005

«24»: les chiffres et les chips

«24» a démarré son «Day 3» sur la télé alémanique et j’ai vraiment payé de ma personne pour être digne des nouvelles aventures de Kiefer-Jack: en me repassant l’intégrale du «Day 2». Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous… seulement si vous n’avez pas d’enfants en âge préscolaire, donc pas conscience de leur hallucinant potentiel d’énergie rapteuse. Car se faire «24» en 6 jours, c’est un tour de force quand on est jeunes parents. Le chéri et moi, nous avons d’abord tenté le coup via SF2, qui avait secourablement programmé une rediffusion en mode 4 x 6, et tenu bon la première soirée (1 x 6) jusqu’à 3 heures du matin. Mais quand nos bambins sont venus nous réveiller pétant de forme 4 heures 45 plus tard, il nous a fallu admettre que sans coffret DVD, nous allions finir à l’hôpital.

Grâce au numérique, nous avons pu saucissonner l’intégrale 2 en fonction de notre niveau d’endurance (très variable) et de l’état de nos réserves de chips (qu’il s’agissait de garder constant). Nous sommes arrivés au bout, fiers de nous et totalement épuisés. A point pour cueillir Kiefer-Jack en orbite numéro 3.

Notre surhomme fait une fois encore face une situation totalement invraisemblable avec son irrésistible jeu Actor’s Studio (regards hésitants, sourires à demi, émotions ostensiblement réprimées) – ça me rend méga chose. Mais le meilleur est à venir: la 3 sortira bientôt en DVD. Nous aurons donc bientôt l’occasion de perpétrer un nouvel exploit mathématico-chipsique et de prouver que, nous aussi, nous pouvons être des héros. 

2 février 2005

Trempette et zapette


Pour d’aucuns, le petit plaisir à deux, c’est un souper aux chandelles avec mets raffinés et pinard subtil bu les yeux dans les yeux. Pour le chéri et moi, c’est une fondue au fromage devant la télé. On pourrait facilement taxer de concept de consternant, tueur de couple et typique de tout ce qui ne va pas dans notre société «en mal de repères»: trop de graisse, trop de TV et pas assez de repas pris à table.

N’empêche: chaque fois que nous faisons de la cheese-trempette devant le poste, nous anoblissons la fondue en lui offrant le meilleur du programme télé ou de notre DVD-thèque – certes encore modeste, mais au potentiel d’extension considérable, vu que nous avons raté 500 films au bas mot depuis que nos enfants sont nés.

Tout le secret est dans la programmation. Oubliez les bonnes séries, forcément brutales, voire sanguinolentes. On déconseillera par exemple «Urgences» et «Nip/Tuck»: non que les affres existentielles des urgentiste ou le cynisme en chemise rose du Dr Troy s’harmonisent mal avec la caresse onctueuse que la fondue fait aux papilles. Le vrai problème, c’est quand l’hémoglobine gicle ou quand ça liposuce comme pour de vrai: même le plus fabuleux des mélanges n’y résiste pas.

Non, le top du top c’est un bon film rendu cinéma-size grâce à la magie du beamer du voisin. Dernière variante testée: mon chéri, ma fondue et mon canapé avec «Lost in Translation» projeté en grand sur le mur de mon salon. Inoubliable. Le temps d’une moitié-moitié, nous avons effleuré la magie du village global.